Après mes essais de la Honda Civic Type R FK8 et de la Hyundai i30N, je voulais prendre le volant d’une autre sportive au caractère bien trempé : la Renault Mégane IV RS.
Après une sortie camouflée au Grand Prix de Monaco gâchée par la fuite de photos volées quelques jours plus tôt, elle a tout de même suscité l’intérêt lors du Salon de Francfort 2017. Sans doute renforcé par la déception de la nouvelle Clio IV RS, la Mégane RS est aujourd’hui devenue une icône pour tous les passionnés de sportives, et les ingénieurs étaient plutôt attendus au tournant. Un an après la disparition de la Mégane III RS, les rumeurs allaient bon train concernant la boîte de vitesse, le type de carrosserie et l’utilisation de nouvelle technologie. Alors est-elle la digne remplaçante de sa devancière ?
A l’extérieur
J’en avais pourtant déjà vu rouler ou exposer au Salon de Genève un peu plus tôt dans l’année mais à chaque fois, elle me donne la chair de poule. Je la trouve bien plus jolie et trapue que la version précédente.
Le bouclier avant a été élargi ce qui donne une face avant plus musclé et avec plus de caractère.
Cela permet aussi d’accueillir la nouvelle signature essentielle à la gamme RS : les fameux optiques à damier. Le tout est souligné par la lame style F1 de couleur grise.
De profil, j’apprécie moins cette Mégane RS. Par rapport à sa devancière, les ingénieurs ont opté pour une carrosserie 5 portes et non 3 portes. Cela rappelle d’ailleurs les choix faits pour la Clio IV RS, critiqués mais finalement adoptés.
Les ailes, élargies de 60 mm et siglées Renault Sport, abritent de somptueuses jantes diamantées de 19″ joliment dessinées et facturées 1000€. De série, elles sont chaussées en Bridgestone Potenza.
Les ailes arrières sont, elles, élargies de 45 mm et des extracteurs d’air ont été ajoutés.
Le béquet se veut sage et plutôt discret. Tout l’inverse de cet impressionnant diffuseur qui englobe la canule d’échappement centrale.
Esthétiquement, cette nouvelle Mégane RS est beaucoup plus réussie que sa devancière. Et pour marquer le changement radical de cette nouvelle RS, Renault a ajouté au catalogue une nouvelle teinte : l’Orange Tonic. Changeante suivant la luminosité, cette teinte est une des clés de son succès et fait tourner plus d’une tête ! Elle fera également tourner la tête à votre banquier car elle est facturée 1600€.
A l’intérieur
A bord, c’est un véritable appel à la conduite qui se fait entendre. On reste néanmoins très proche de la Mégane de base de Monsieur-Tout-le-monde mais quelques modifications nous font très vite comprendre qu’il ne faut pas plaisanter avec elle.
A commencer par ses sièges type baquet au maintien extraordinaire.
Le sigle RS est arboré fièrement sur les appuie-tête et s’allie parfaitement avec l’alcantara.
Je trouve le volant grossier malgré qu’il soit badgé RS et vêtu de cuir et d’alcantara (sellerie en option à 1500€).
Il dissimule d’ailleurs de grandes palettes fines que je trouve mal placées (trop hautes) par rapport à la position des mains.
Le compte-tour, situé dans l’axe du regard, voit sa zone rouge titiller les 7000 tr/min, ça promet !
Des incrustations façon fibre de carbone, des surpiqûres rouges et un pédalier alu viennent sublimer le tout.
Le reste semble identique à celui d’une Mégane basique avec son écran R-Link 2 de 8,7″. L’espace à bord est généreux, à l’avant comme à l’arrière.
A noter que malgré la sonorité de l’échappement, la Mégane RS embarque tout de même le talentueux système Bose.
Et sur route ?
Sous le capot, cette Mégane IV RS embarque le 4 cylindres 1.8 turbo de la nouvelle Alpine A110 (252ch) mais aussi de l’Espace V (225ch) essayé il y a peu. Il remplace donc le 2.0 L turbo mais voit sa puissance passer à 280 ch pour 390 Nm de couple. Pour arriver à ce résultat, les ingénieurs de chez Renault Sport ont retravaillé intégralement la culasse et ont ajouté un turbocompresseur TwinScroll entre autres. Pourtant, elle ne gagne que 5 ch par rapport à sa devancière, la Mégane III RS Trophy-R. Elle abat donc le 0 à 100 km/h en 5,8 s, soit le même temps que la Trophy-R.
Ce moteur est couplé au choix avec une boite mécanique à 6 rapports ou bien une boite auto EDC à 6 rapports à double embrayage (qui équipe ma Mégane RS).
Mais cette orange pressée embarque également deux autres « innovations » marquantes avec le système 4Control avec les 4 roues directrices et les amortisseurs à butées hydrauliques de compression qui limitent le rebond et offrent un niveau de confort plus élevé que ses concurrentes directes.
Mais assez parlé technique et place à la conduite. Pied sur le frein, bouton démarrage et échappement plutôt discret. Un peu déçu mais je vois tout de suite d’autres modes de conduites qui me font penser que le son évoluera très certainement. Renault France m’ont mis à disposition ce véhicule pour rallier Le Mans depuis Paris afin d’assister au Mans Classic. Mais plutôt que de prendre l’autoroute et mettre le régulateur pendant 200 bornes, j’ai préféré emprunter les départementales et les petites routes que je connaissais bien. Mais avant cela, il m’a fallu sortir de Paris. Donc on enclenche le mode confort et on est patient, très patient même. Je découvre une voiture très polyvalente. Quasiment pas un bruit à l’échappement, direction souple mais à la fois précise et la boite EDC fait son travail. La consommation relevée à ce moment est de 8,5 L/100km. Je trouve cela plutôt correct pour les bouchons que j’ai pu rencontrer et quelques accélérations effectuées.
Mais il ne faut pas oublier que c’est une sportive alors une fois le trafic plus fluide, le mode « sport » activé et le coyote allumé, full gaz ! Pour commencer l’instrumentation change et passe au rouge. Le pédalier devient plus réactif, la direction aussi et la voiture semble avoir été métamorphosée. L’échappement s’est enfin libéré et est accentué à l’intérieur grâce aux haut-parleurs. On a le droit quelques belles détonations à chaque montée ou descente de rapport.
Le mode le plus intéressant est le « race ». J’en profite pour passer en mode manuel la boite automatique afin de m’amuser avec les palettes. Concernant celles-ci, je peine à les trouver suivant l’orientation du volant ou lorsque mes mains sont placées plus bas sur le volant. Le problème pourrait être résolu en maniant le levier de vitesse vers le haut ou le bas mais cela n’est pas possible. Bref. Le mode « race » désactive entièrement l’ESP et agit directement sur la gestion du 4Control. Dans les enchaînements de virages, la voiture est plus joueuse et le train arrière devient plus mobile. Renault Sport nous a concocté un châssis aux petits oignons. Niveau sécurité, les freins sont puissants et rigoureux.
Dans sa catégorie compacte sportive, elle affiche 1430kg sur la balance dûe à la boite EDC et au système 4Control. Les 280 ch peinent alors à se faire sentir. Je ne ressens pas les accélérations franches comme avec la Civic Type R ou la i30N équipées de boite mécanique mais les limitations de vitesses sont très vite dépassées. Cela se ressent encore plus sur ligne droite où la puissance viendrait presque à manquer, mais après tout cette nouvelle Mégane RS a été conçue pour procurer du plaisir et enchaîner les virages le plus rapidement possible.
De mon retour du Mans avec une conduite plus que dynamique et plein de routes sinueuses empruntées, la consommation s’est montrée un poil élevée avec 10,5L/100km. Mais quand on aime, on ne compte pas !
Bilan
Alors oui je l’aime cette nouvelle Mégane IV RS ! Renault Sport a joué gros avec cette carrosserie 5 portes, sa boîte EDC, son système 4Control et son nouveau moteur 1.8 turbo, mais le résultat est là. Nous avons une voiture polyvalente dans les modes les plus calmes mais qui se révèle démoniaque en mode « sport » ou « race ». On passe de virage en virage avec une efficacité déconcertante qu’on en oublierait presque qu’elle ne fait que 280ch, soit 40 de moins qu’une Honda Civic Type R par exemple. Mais le look est plus sage et le nouveau coloris ravageur.
Elle ne passe clairement pas inaperçue surtout au Mans Classic où je n’ai croisé qu’un seul autre modèle avec le même coloris. Et même si elle a été beaucoup critiquée à sa sortie, l’essayer c’est l’adopter. Alors chapeau à Renault Sport et ses ingénieurs de nous procurer toujours autant de plaisir au volant de ces jouets pour adulte !
Remerciements
Un grand merci à Renault France et plus particulièrement à Estelle Cash pour la mise à disposition de cette nouvelle Mégane IV RS. J’ai hâte de découvrir la version Cup avec sa boite mécanique et encore plus la version Trophy !
Quelques photos …